Le parcours d’Augustin Le Rasle, d’Airbus Helicopters à Volta : structurer pour accélérer la transition

Augustin Le Rasle, responsable Amélioration de la Performance & Industrialisation est passé maître dans l’art de relier l’agilité start-up à l’exigence grand-groupe, avec une conviction : un projet n’a de valeur que s’il est mené jusqu’au bout — et sert la transition énergétique.

Quel est le fil rouge de votre parcours d’ingénieur, depuis votre école jusqu’à votre arrivée chez Volta ?

 J’ai suivi une école d’ingénieur généraliste (Centrale Supélec, ndlr) en région parisienne : j’y ai découvert la mécanique, les matériaux… mais surtout l’envie de passer rapidement du plan à la pièce. C’est ainsi que je suis parti à Grenoble, attiré par les montagnes, pour rejoindre Finoptim, une start-up de poêles et cheminées à foyer ouvert. Nous étions cinq ; je dessinais les pièces le matin, je les soudais l’après-midi et je les installais chez le client le soir. Vivre le cycle complet du produit, ressentir la responsabilité des choix dès la conception, a façonné toute ma façon de travailler.
Après cette immersion très « atelier », j’ai voulu tester ma méthode dans un univers structuré. J’ai donc rejoint Altran (aujourd’hui Capgemini Engineering) et travaillé pour Airbus Helicopters : analyse carbone d’un projet de transformation logistique, puis mise en place de la supply chain d’une nouvelle usine internationale. Passer d’une équipe de cinq à un géant mondial m’a appris la rigueur des standards industriels — et l’art d’embarquer des interlocuteurs multiples autour d’un même objectif final.

Vous êtes arrivé chez Volta il y a quelques mois pour « industrialiser » plus de 500 projets solaires. Concrètement, quelle est votre mission ?

En effet, le Groupe Volta a connu en quelques années une transformation significative, passant du statut de PME à celui de véritable producteur d’électricité, avec près de 500 projets solaires en activité. Cette évolution appelle désormais une structuration plus rigoureuse et des méthodes à la hauteur des enjeux industriels. Ma mission consiste à accompagner cette montée en puissance en instaurant une organisation efficace, capable de soutenir l’ampleur du développement engagé. En premier lieu, mon objectif est de renforcer la culture projet de Volta. Concrètement, cela passe par la mise en place et la structuration de rituels réunissant les équipes opérationnelles — chefs de projet, chargés d’études, juristes — afin de favoriser la coordination et l’anticipation. J’ai également œuvré à la définition et au déploiement d’indicateurs de développement des projets, afin d’optimiser le pilotage de l’activité. Enfin, nous venons de lancer un outil ERP/CRM qui permet une circulation fluide et instantanée de l’information entre les différentes entités du groupe, de Corbières à Paris. L’objectif est clair : fiabiliser chaque étape du projet sans altérer l’agilité qui constitue l’ADN de Volta.

Vous évoquez fréquemment l’importance d’une gestion de projet intégrale, « de A à Z ». Comment cette culture de la responsabilité et de l’engagement total s’incarne-t-elle concrètement dans votre quotidien professionnel ?

Je suis profondément attaché à une approche du projet qui englobe l’ensemble du cycle de vie, depuis l’intuition initiale jusqu’à la réalisation concrète. Que l’on parle de la conception d’une pièce mécanique, de la restauration d’un ouvrage ou du déploiement d’un parc photovoltaïque, je considère essentiel de demeurer engagé jusqu’à la livraison effective du résultat. C’est à mes yeux la meilleure école de la rigueur, de la responsabilité et du sens des réalités. Cette posture se traduit par des décisions prises en pleine conscience des objectifs finaux, un équilibre attentif des charges, une surveillance constante des risques et une valorisation sincère des réussites collectives. Cette culture du projet complet forge des équipes solides et responsabilisées, capables de porter des ambitions industrielles durables.

La transition énergétique figure en bonne place sur votre parcours. En quoi nourrit-elle concrètement votre engagement ?

La transition énergétique n’est pas, pour moi, un simple mot d’ordre ou une ligne stratégique ; elle est profondément ancrée dans ma manière de vivre. Je passe une grande partie de mon temps libre en plein air — à vélo, en ski de randonnée, ou en trail dans les collines de la région, souvent à la mi-journée avec des collègues. Cette proximité avec la nature rend les effets du dérèglement climatique difficilement ignorables : en montagne, la fonte progressive des glaciers est visible d’année en année. Rejoindre le secteur solaire m’est donc apparu comme une évidence, un moyen de concilier mes convictions personnelles avec mon activité professionnelle. Produire une énergie propre, décentralisée et ancrée dans les territoires, tout en vivant et travaillant en Provence — un territoire que je connais intimement et que je traverse régulièrement à vélo pour me rendre au bureau — me permet d’agir en cohérence avec mes valeurs.

Comment projetez-vous l’avenir de Volta — et le vôtre au sein de l’entreprise — à horizon trois ou quatre ans ?

Je me projette dans un Volta devenu l’un des piliers du paysage photovoltaïque français, avec une présence amorcée sur plusieurs marchés européens. Mon ambition est d’avoir, d’ici là, consolidé une véritable « usine à projets » capable de traiter et mener à bien jusqu’à 1 000 dossiers par an, sans pour autant compromettre la cohésion humaine qui fait la force de nos équipes.

Facebook
Twitter
LinkedIn