Après plusieurs années d’arrêt et de difficultés techniques, la centrale Montecinto en Corse a retrouvé toute sa capacité de production. Un redémarrage rendu possible grâce à l’expertise de Volta dans le diagnostic, la remise en état et le pilotage de systèmes de batteries complexes. Rémy Gautier, Responsable Exploitation et Suivi de Production du Groupe Volta, revient sur les étapes clés de ce projet et explique comment Montecinto contribue aujourd’hui à sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’île.

Comment le Groupe Volta est arrivé sur le projet Montecinto ?

Le projet Montecinto faisait partie d’un portefeuille d’installations que nous avons reprises, au cours d’une procédure de liquidation judiciaire, après la faillite de l’opérateur initial basé en Allemagne. Dans le lot de projets repris, figuraient plusieurs centrales, dont celle-ci, située en Corse qui développait une capacité de 1MWc associée à 2MWh de stockage. Elle avait la particularité de combiner une production solaire photovoltaïque avec un système de batteries pour assurer un rôle d’équilibrage du réseau. Mais au moment du rachat, la centrale ne fonctionnait en mode très dégradé, minée par des problèmes techniques et juridiques. Pour Volta, c’était un pari : reprendre un projet difficile mais qui avait un réel potentiel. Nous avons décidé de relever ce défi, car nous savions que notre expertise sur la partie batteries pouvait faire la différence et redonner vie à cette centrale.
Quels étaient les principaux problèmes rencontrés ?
À notre arrivée, nous avons constaté que la centrale souffrait de plusieurs dysfonctionnements. Mais le plus critique concernait le refroidissement des batteries : le système en place n’était pas correctement dimensionné, ce qui provoquait une montée en température des batteries dès leur utilisation. Résultat : tout se mettait en sécurité, empêchant la centrale de produire normalement.

À cela s’ajoutait un contentieux juridique complexe qui s’éternisait depuis des années, entre le constructeur, l’exploitant et différents sous-traitants. Enfin, l’aspect financier était également préoccupant puisque la centrale produisait beaucoup moins que prévu et ne générait pas assez de revenus pour couvrir sa dette. Nous avons donc hérité d’un projet qui, sur le papier, avait tout d’un casse-tête technico-juridique.
Quelle a été la démarche de Volta pour remettre la centrale en état ?
Notre première action a été de rétablir la confiance avec l’ensemble des partenaires locaux et techniques. Nous avons renoué le contact avec le bailleur, le prêteur, l’entreprise de maintenance corse, l’intégrateur des batteries et avec l’agrégateur EDF qui pilote le fonctionnement de l’installation. Il était essentiel de recréer un climat de coopération pour avancer.
Ensuite, nous avons engagé un travail technique minutieux. Les batteries avaient été à l’arrêt pendant plusieurs années, il fallait donc vérifier leur état réel. Nous avons commencé par des diagnostics simples : contrôles visuels, mesures de tension, premières charges et décharges pour évaluer leur comportement. Certaines batteries étaient irréparables et ont dû être remplacées. Pour les autres, nous avons mis en place des cycles longs de rééquilibrage afin qu’elles puissent fonctionner ensemble de manière optimale. Ce travail a pris plusieurs mois. Finalement, les tests réalisés et validés par le fabricant ont confirmé que la majorité des batteries étaient en bon état et pouvaient être relancées. C’est ce qui nous a permis, début 2025, de remettre la centrale en fonctionnement normal.

Qu’est-ce qui illustre, selon vous, l’expertise de Volta dans ce projet ?
Le projet Montecinto est un bon exemple de ce que Volta sait faire : intervenir sur des installations complexes qui nécessitent une expertise à 360° tant sur les plans techniques, que juridiques et financiers . Notre expertise en gestion et en maintenance de batteries a été déterminante. Ce n’est pas qu’une question de technique pure : il s’agit aussi d’avoir une vision globale, de coordonner de nombreux acteurs et de prendre les bonnes décisions pour sécuriser à la fois le projet et sa production.
Ce qui nous distingue, c’est notre capacité à aller dans le détail du fonctionnement des batteries, à comprendre leurs comportements et à les remettre en état dans des conditions optimales. Peu d’acteurs ont cette compétence spécifique. Montecinto montre que nous sommes capables de donner une seconde vie à des centrales que beaucoup auraient abandonnées.
Concrètement, comment fonctionne Montecinto aujourd’hui ?
Aujourd’hui, la centrale Montecinto est quasiment revenue à sa pleine capacité. L’électricité produite par les panneaux solaires est stockée dans les batteries et restituée au réseau aux moments où la demande est la plus forte, en particulier le soir entre 18h30 et 21h en hiver, et entre 19h et 22h en été. En pratique, cela représente environ 152 MWh produits par an grâce au solaire, et près de 20 MWh par mois délivrés par les batteries pendant les heures de pointe. Ces chiffres montrent que Montecinto est devenue une installation fiable, capable de tenir ses engagements vis-à-vis du réseau. Pour la Corse, c’est une vraie valeur ajoutée car cela apporte de la flexibilité et de la stabilité au système électrique local.

Pourquoi ce projet est-il important pour la Corse ?
La Corse n’est pas reliée électriquement au continent par câble sous-marin. L’île doit donc assurer elle-même son équilibre énergétique, ce qui repose encore beaucoup sur les énergies fossiles. Dans ce contexte, chaque projet renouvelable compte. Montecinto joue un rôle particulier car il associe solaire et stockage, ce qui permet non seulement de produire de l’énergie verte mais aussi de la restituer au moment où elle est la plus utile.
La centrale contribue donc directement à réduire la dépendance aux énergies fossiles et participe à la transition énergétique de la Corse. Pour les habitants, cela veut dire plus d’énergie renouvelable locale, plus de stabilité sur le réseau, et un mix énergétique plus équilibré sur le long terme. C’est un projet qui a donc un impact concret, au-delà des chiffres techniques.

En résumé, que retenez-vous de cette aventure ?
Ce que je retiens, c’est d’abord la complexité de la tâche : il a fallu gérer des aspects techniques, juridiques et financiers en même temps. Mais surtout, c’est la satisfaction d’avoir réussi à redonner vie à une centrale qui semblait condamnée. Aujourd’hui, Montecinto fonctionne à nouveau, et cela grâce au travail des équipes de Volta et de nos partenaires. Ce projet incarne bien l’ADN de Volta : nous ne craignons pas les projets complexes et savons les transformer en réussites. Montecinto démontre que la combinaison solaire + batteries est une solution d’avenir, capable de répondre aux besoins des territoires isolés comme la Corse. C’est une réussite collective dont nous sommes particulièrement fiers.