Il y a dix ans, une friche en bordure d’un village provençal, vestige de l’ancienne gare de Corbières, s’est transformée en un écoparc mêlant promotion immobilière et photovoltaïque. De ce pari audacieux est née une aventure qui a changé le visage d’un territoire… et marqué le démarrage de l’histoire de Volta. Aujourd’hui, ce projet pionnier continue d’incarner l’ADN du groupe : flexibilité, fidélité et ancrage dans les territoires. Rencontre croisée avec ceux qui l’ont imaginé et porté, entre souvenirs, enseignements et perspectives pour l’avenir.
Pierrick Morier, cofondateur et président de Volta, et Jean-Luc Guigue, initiateur de l’écoparc et désormais responsable de la prospection foncière chez Volta, répondent à nos questions.
Comment est née l’idée de l’écoparc de Corbières-en Provence et comment vos chemins se sont-ils croisés ?
Jean-Luc Guigue :
A l’origine, ce projet d’Ecoparc a été initié en réponse à l’installation d’ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), un projet de recherche international sur la fusion nucléaire, à Cadarache, près de Corbières-en Provence. Je suis un enfant du pays, et j’avais anticipé qu’un projet de cette envergure, s’il n’était pas accompagné d’un plan de développement local cohérent, allait entraîner un fort déficit d’infrastructures et d’espaces de travail dans la région, notamment pour les futurs fournisseurs de ce projet scientifique international. Grâce au soutien sans faille de Jean-Claude Castel, maire de Corbières qui partageait le même constat et des autorités locales, qui ont cru au potentiel de l’Ecoparc, j’ai rapidement obtenu les autorisations d’urbanisme.
En 2013, le projet était prêt à démarrer : autorisations obtenues, structures en place… Mais un obstacle majeur est venu bloquer l’aventure : le financement. Tout le projet s’est retrouvé à l’arrêt et c’est dans ce contexte que j’ai rencontré Pierrick Morier, dirigeant de Volta, qui était alors une toute nouvelle structure dans le secteur encore balbutiant des énergies renouvelables. Une rencontre clé qui a tout changé : nous nous sommes rapidement associés pour donner une nouvelle chance à l’écoparc.
Pierrick Morier :
Déjà à l’époque, notre ambition était claire : développer de A à Z des projets solaires porteurs de sens, capables de générer un véritable impact territorial et de démontrer concrètement notre valeur ajoutée.
La rencontre avec Jean-Luc a marqué un tournant. D’un côté, un développeur local visionnaire avec un projet à haute valeur ajoutée ; de l’autre, une jeune entreprise désireuse de s’ancrer durablement dans le photovoltaïque et dans les territoires. Cette complémentarité a été décisive.
L’originalité de notre démarche sur cet écoparc réside aussi dans le choix que nous avons fait d’aller au-delà de notre métier de base : il n’était en effet pas raisonnable pour nous d’investir sur le seul volet photovoltaïque, permettant certes un financement au promoteur immobilier, mais le laissant seul face aux défis d’un projet d’une telle envergure, et nous laissant de notre côté dépendant du projet immobilier, sans réel contrôle sur sa bonne marche. Aux côtés de Jean-Luc, nous avons donc pris l’initiative d’investir dans le volet l’immobilier, jusqu’à en prendre le contrôle, pour sécuriser la réussite du projet solaire. Une démarche peu courante dans le secteur photovoltaïque, mais qui a posé les fondations de ce qu’est Volta aujourd’hui : une entreprise agile, fidèle à ses partenaires, et résiliente face aux défis.
En quoi l’écoparc a-t-il changé la commune de Corbières ? Dix ans plus tard, le pari est-il gagné ?
Jean-Luc Guigue :
Le maire de Corbières avait posé deux conditions simples mais essentielles : une station d’épuration et des emplois. Dix ans plus tard, ces promesses sont tenues. Aujourd’hui, ce sont près de 180 personnes qui travaillent dans cet écoparc, pour un village de 1 200 habitants. Quand on voit cette dynamique locale, on mesure l’impact d’un projet qui, au départ, paraissait presque irréalisable.
Pierrick Morier :
À Corbières, le site de l’écoparc a changé le visage du territoire. Aujourd’hui, l’écoparc, ce sont treize bâtiments occupés par des entreprises variées : un Gamm Vert, une crèche, META (fournisseur d’ITER), et plusieurs bâtiments loués à ITER Organisation. Au-delà des chiffres, il y a une véritable fierté locale : les habitants voient que leur commune a, dans un même temps, à la fois pris une longueur d’avance dans la transition énergétique et dans l’accueil de nouvelles activités économiques. Ce lien historique entre Volta et Corbières s’est renforcé au fil des années, au point que nous y avons ouvert notre siège opérationnel en 2024, à quatre cent mètres de l’écoparc et que nous y avons construit d’autres actifs solaires, qu’ils soient publics (service techniques de la mairie) ou privés.
Au-delà de l’impact local, qu’a représenté ce projet pour Corbières et Volta ?
Jean-Luc Guigue :
Lorsqu’on prend un peu de recul, on se rend compte que ce site de l’écoparc a toujours occupé une place très particulière dans l’histoire de Corbières. Fin XIXème, l’arrivée de la ligne ferroviaire et la desserte du village par la Compagnie des chemins de fer PLM a permis son développement, en l’ouvrant sur toute la région, ce fut une grande chance pour tout le territoire. 140 ans plus tard et après 40 ans de quasi-abandon, l’ouverture de l’écoparc sur ce même site a redonné une dynamique nouvelle, a mis le village en prise direct sur le projet international d’ITER, lequel fut rendu possible par un projet photovoltaïque majeur et très en avance sur son temps.
Pierrick Morier :
Pour Volta, Corbières a été un laboratoire stratégique. Ce projet nous a poussés à sortir du cadre classique du solaire et à inventer notre propre modèle : accompagner de bout en bout les territoires. Nous avons dû investir dans l’immobilier, travailler main dans la main avec les élus, comprendre les besoins et les contraintes de toutes les parties prenantes, publiques et privées. Cette expérience nous a structurés : elle a forgé notre manière d’agir. Aujourd’hui encore, notre méthode repose sur ce socle : accompagner la transition énergétique en l’ancrant dans le réel, au service du tissu économique et social local.
Quelles ont été les étapes marquantes de ces dernières dix années ?
Jean-Luc Guigue :
L’inauguration de la première tranche, en 2014, a été un moment fort. Puis l’arrivée des premiers locataires a donné une réalité économique à tout ce que nous avions imaginé. Le chantier a avancé par étapes : 2015, un bâtiment témoin ; 2017, la deuxième tranche ; et enfin 2023, l’achèvement complet de l’écoparc. Dix ans de travail, souvent dans la difficulté, mais avec la satisfaction de voir le site pleinement occupé aujourd’hui.
Pierrick Morier :
Je retiens aussi l’aventure humaine. Pendant plusieurs années, nous étions deux ou trois seulement à porter ce premier projet, sans même de bureau fixe. Aujourd’hui, Volta emploie 37 personnes à Corbières et environ 90 dans le monde. Cela illustre bien notre chemin : de la fragilité des débuts à la solidité actuelle (le groupe exploite désormais près de 270MWc sur différents pays). Et au-delà des chiffres, il y a la fierté d’exister ici, dans ce territoire, d’y être connu et reconnu, d’y être à notre place.
Finalement, que représente ce projet pour vous et pour Volta ?
Jean-Luc Guigue :
Pour moi, c’est le projet d’une vie et une de mes plus grandes fiertés. Il a transformé Corbières, mon village de cœur en le projetant dans l’avenir, créé des emplois et donné une dynamique nouvelle à tout un territoire. Quand je regarde en arrière, je me dis que sans cette rencontre et cette persévérance, le visage de mon village, et sans doute de ma vie aussi, auraient pris une tout autre tournure.
Pierrick Morier :
Pour Volta, c’est un projet fondateur. L’un de nos plus emblématiques. Il incarne ce que nous sommes : une entreprise capable de durer, de construire avec exigence, de rester fidèle à ses partenaires et à ses territoires. C’est une réussite technique, économique et humaine. Et c’est devenu un symbole : celui d’une certaine vision de ce que doit être un projet solaire, et c’est cette vision qui continue de guider Volta.

Jean-Claude Castel, maire de Corbières-en Provence : “Depuis 18 ans maintenant, les différentes municipalités que j’ai eu l’honneur de conduire et de diriger n’ont eu de cesse que Corbières marche sur ses deux jambes, l’une garante de notre histoire notre culture nos traditions et l’autre résolument tournée vers le développement, la modernité et l’ouverture !”